tomlarret
05 janvier 2023
Moi, je croyais qu'au coeur de la Forêt Noire, on trouvait des cerises au kirsch et des éclats de cacao, mais autour de Badenweiler, c'est plus les harpies, les nixes, les vampires, les sorciers, les morts-vivants, les loups géants et les goules qui grouillent. Ça fond moins sur la langue (surtout le vampire, c'est filandreux), mais à l'instar du gâteau au chocolat, à la crème et aux maladies cardio-vasculaires, on le dévore et on en laisse pas une miette.
Entre les frères Grimm et J.R.R Tolkien, Frédéric Sirot nous propose ici une promenade au fil des saisons dans l'Allemagne médiévale, qui glisse peu à peu du fantastique à la fantasy, de l'initiatique à l'épique, du conte à la légende. L'ouvrage est organisé en quatre parties, suivant la structure assez classique de la quête héroïque tissée sur la trame d'un inquiétant mystère.
L'écriture sans fioritures, à la concision efficace, permet des enchaînements assez rapides, bien qu'elle souffre d'un travail éditorial négligé. Malgré cela, le roman se lit avec facilité, et un pouvoir d'immersion marqué. On suit les aventures des frères Denzer et de leurs compagnons d'armes avec un grand plaisir, dans une ambiance de traque où l'on se demande, parfois, qui est le prédateur et qui est la proie. On les regarde évoluer, souffrir et trembler, sans jamais se résigner, pris au coeur de l'infini et millénaire affrontement du bien contre le mal. Servis par leurs intuitions, leur courage et leur foi, ils débusquent et combattent les serviteurs de l'apocalypse, de mystérieux monastères en batailles qui commencent à l'aube.
Même si les thématiques, les héros et les intrigues se basent sur des schémas familiers et éprouvés, le soin apporté aux détails, aux ambiances et surtout à la mise en scène de l'action permettent de retrouver avec plaisir les situations, caractères et les créatures classiques du monde fantastique. En outre, le roman se clôt sur une étonnante note de science-fiction particulièrement créative. L'ensemble en devient assez addictif, tout comme le dessert chocolaté que j'évoquais plus haut, et, bonne nouvelle, vous pouvez en reprendre sans risquer l'AVC, puisqu'un second tome est paru.
Tomlarret